Révision

La plupart des articles (traductions exceptées) ont été révisés au cours de l'automne 2014, d'où certains anachronismes au regard de la date de publication.

lundi 21 décembre 2015

Truth comes full circle

Un recueil que j'ai trouvé à Exeter me ramène vers ce poète exceptionnel que fut Kathleen Raine : scientifique de formation, elle n'a de cesse de célébrer la beauté du monde y compris dans les pires moments de son existence. Influencée par Blake et Yeats, sa poésie est une méditation à la fois grave et légère sur la condition de l'homme, roseau pensant - je ne sais pas si elle connaissait Pascal.



Truth comes full circle
As departing light
From infinite space
Returns to the heart
Still what it was,
Embracing all.

Kathleen Raine, The Dolmen Press, 1973.

La vérité revient aux origines
Comme la lumière qui part
De l'espace infini
Et s'en revient au coeur
Identique à elle-même
Etreignant tout.

"Les soeurs Brontë à 20 ans", Au Diable Vauvert

Après une année passée en compagnie de Charlotte, Emily et Anne, les éditions au diable Vauvert publient dans leurs collection "à 20 ans" mon portrait des trois soeurs, saisies dans ce moment crucial de l'existence où s'amorce un destin, se construit une personnalité.
La difficulté consistait ici à saisir non pas une individualité mais trois et à montrer comment ces trois filles de pasteurs destinées au célibat et à l'oubli ont réussi à transcender leur morne existence pour produire une des oeuvres les plus puissantes du XIXe siècle, et - en ce qui concerne Emily - l'un des chefs d'oeuvre de la littérature universelle.
Comme l'avait montré Téchiné dans son film, il m'a semblé que Branwell, le frère des trois futurs auteurs reconnus avait joué un rôle non négligeable dans leurs vocations. Je n'ai retenu aucune des idées romanesques qui ont alimentées bien des biographies et oeuvres littéraires, constatant qu'aucune d'entre elle ne reposait sur des bases sérieuses. Si Branwell joue un rôle considérable c'est parce qu'il concentre sur ses frêles épaules tous les espoirs de son père qui voit en lui un génie. Les trois filles qui n'ont pas à subir cette pression pourront, à l'abri des regards laisser, le moment venu, s'épanouir leurs talents respectifs.
La collection "à 20 ans", saisit un écrivain au moment où il s'apprête à entrer dans l'existence, mes trois soeurs y entrent un peu de la même manière, devenant gouvernante ou institutrice; pour aucune d'entre elle, ce métier (cette servitude selon Charlotte) ne constitue un bonheur. Elles travaillent parce qu'il le faut, parce que leur père peine à assurer la subsistance de cette famille nombreuse.
Ce fils de paysan irlandais probablement surdoué avait réussi, par la force de son travail et de son intelligence à conquérir Cambridge qui lui avait permis de devenir "curate" de l'église anglicane. Il a transmis son génie à ses filles et se maintiendra, coûte que coûte, à la tête de la tumultueuse paroisse de Haworth agitée à la fois par la révolution industrielle et les conflits religieux nés du XVIIIe siècle.
Trois soeurs, trois personnalité extrêmement dissemblables: Petite et myope, Charlotte est celle qui part à l'assaut du monde; grande, secrète et colérique, Emily sera la gardienne du foyer; timorée, mesurée et volontaire, Anne est la moins connue et son oeuvre moins emportée que celles de ses soeurs prolonge le réalisme psychologique de Jane Austen.
Ces trois parcours ont la grandeurs des destins tragiques, Branwell semble entraîner dans le sillon de sa déchéance ses trois soeurs qui auront à peine le temps de goûter leur succès. Le révérend Brontë, sorte de Saturne résigné, survivra à tous ses enfants et faisant appel à Elisabeth Gaskell (la première biographe de Charlotte), sera l'instigateur d'un mythe qui ne cesse de fasciner lecteurs des trois soeurs et visiteurs de Haworth.  

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samedi 5 décembre 2015

Nouveaux programmes, le retour du vague

Réflexion sur les programmes, à défaut d'être loin des vagues ils sont proches du vague. Ce qui m'amuse, ce sont les éternelles controverses qu'ils suscitent. Et j'avoue ne pas réussir à prendre position sur la question. La seule réflexion que j'aie trouvé intéressante, à ce jour, c'est celle de Pascal Caglar, qui propose que les heures en plus soient adressées aux élèves qui en veulent. Autre point intéressant : une refonte en profondeur du système des matières enseignées. Pourquoi cette absence criante des sciences humaines, est-ce que la psychologie ne mériterait pas d'être enseignée au collège? N'est-ce pas, par ce biais qu'on pourrait transmettre la sensation de l'empathie? Pourquoi ne pas diversifier les enseignements optionnels ? Permettre à ceux qui ont des compétences, autres qu'intellectuelles de se voir reconnaître?

Généraliser les travaux de groupes et l'interdisciplinarité est une bêtise récurrente. Les TPE ne profitent qu'aux bons élèves, les autres les subissent, opèrent, au dernier moment un laborieux montage de sources internet indéterminées et comme on a eu la bonne idée de confier aux établissements l'évaluation des dits TPE, les hiérarchies donnent des consignes pour que le taux de réussite à l'examen ne soit pas affligeant. Des production qui mériteraient un quatre atteignent le neuf et des travaux sans grand intérêt vont obtenir un 14 qui autorisera une mention, qui, devenue la norme, s'avère dépourvue de signification.

Marguerite Yourcenar laissait son empereur Hadrien entrevoir une société future où les hommes seraient esclaves de leurs divertissements. Nous y sommes! L'école ne sera jamais aussi amusante qu'une partie de Mario et pour cela, on lui en veut. Le cinéma grand spectacle, le gadget électronique, l'internet, la télé-réalité. Voilà les horizons de nos élèves en difficultés. Qui, aujourd'hui a accès aux réseaux sociaux, à la télé dans sa chambre? Les enfants de milieux favorisés? Pas du tout. Les parents qui résistent à la pression du conformisme et qui cherchent à avoir prise sur l'éducation de leurs enfants n'ont pas peur d'interdire ou de limiter les accès à internet, au portable. Les autres errent sur la toile, livrés aux réseaux sociaux ou à la pornographie.

L'école ne compensera jamais ces inégalités.

jeudi 3 décembre 2015

Le Retour à Salem d'Hélène Grimaud

Edition en Livre de
Poche, 2015.
Voilà un étrange roman, anachronique et futuriste, fantastique et didactique. Une sorte d'OVNI littéraire qui ne manque pas de maladresses, les parties didactiques sur les dégradations de la planète sont sans doute justifiées mais était-il nécessaire qu'elles soient aussi circonstanciées;
Pour le reste c'est un livre authentiquement romantique : la narratrice, pianiste découvre chez un antiquaire un manuscrit de Brahms qui relate un voyage du musicien sur l'île
de Rügen dans la Baltique. Le récit fait alterner les réflexions et décisions de la pianiste enthousiasmée par sa découverte et les voyage initiatique du grand musicien dont les pérégrinations font un peu penser à celle d'Arthut Gordon Pym. Si le récit de Brahms nous renvoie peu à peu à la réalité d'aujourd'hui et aux "souffrance" de la terre mère, la narratrice est amenée à douter de sa propre expérience dans le magasin d'antiquité. L'ensemble est construit avec une virtuosité digne d'Hoffmann (convoqué d'ailleurs dans l'intrigue) et une sensibilité dont on aimerait entendre plus souvent l'expression en littérature.

mercredi 2 décembre 2015

Article sur Frankenstein dans l'école des lettres


L'adaptation faite par Malika Ferdjoukh rend possible la lecture de ce roman qui reste malgré tout résistant par des élèves de collèges. La séquence proposée dans ce recueil est le fruit d'un travail de synthèse puisque l'article a été réduit au tiers de ses dimensions initiales. J'ai voulu y montrer comment un grand roman pouvait donner lieu à une grande adaptation cinématographique qui tout en le trahissant et le récréant s'avère finalement respectueuse. je ne sais pas si ce sera le cas de celle qui passe actuellement sur les écrans et dont la bande annonce laisse craindre le pire.